Pie XII  1939-1958
Eugenio Pacelli, né à Rome le 2 mars 1876 dans une famille de juristes, est nonce apostolique à Munich en 1917, un peu plus tard à Berlin, où il s'imprègne de la langue et de la culture allemande. Pendant 40 ans au service du Vatican, il est élu pape au troizième tour, lors d'un conclave d'une journée, par quarante-huit voix sur cinquante-trois votes. Dès son élection, il tente d'enrayer le processus de la guerre. Estimant le communisme plus dangereux que le fascisme, il ne condamne pas Hitler quand il envahit l'URSS, et déplore que les Alliers exigent une capitulation inconditionnelle du Reich. La complaisance (et parfois la complicité) d'une partie du clergé envers les forces nazies et fascistes lui a été reprochée ; sa position d'apparente neutralité pendant cette période a été critiquée. Mais l'histoire de ce pape, comme celle de bien des événenemnts de cette époque, est loin d'être connue, de nombreuses archives étant encore secrètes.
S'il se préoccupe du sort des prisonniers de guerre et ouvre les portes du Vatican aux réfugiés lorsque les Allemands envahissent Rome, il ne condamnera jamais fermement les atrocités nazies, notament le génocide juif. Il excommunie (sanction purement symbolique depuis trois siècles) les membres du arti communiste et conclut des accords avantageux pour l'Eglise avec le général Franco (Espagne) et le général Salazar (Portugal), chefs de régimes totalitaires.
Sous le pontificat de Pie XII, face au communisme triomphant apparaissent les prêtres ouvriers dont le rôle est d'évangéliser les lieux de travail. Mais le résultat s'avère rapidement désastreux : beaucoup d'entre eux passent au marxisme. En Chine, l'Eglise est abolie. En UURSS et dans les pays dits "satellites", les lieux de culte sont fermés et la persécution, disparue depuis l'époque romaine, reparait. Nul pape plus que Pie XII n'a accordé autant d'audiances à des groupes professionnels. Bien qu'immensément cultivé, il sait écarter les barrières du cérémonial pour ne considérer que l'homme dans son interlocuteur. Toutes les questions contemporaines ont retenu son attention. Mais cet homme seul (il a supprimé jusqu'au poste de secrétaire pour mieux gouverner) marque de son empreinte conservatrice une Eglise en pleine interrogation sur son devenir : vaiqueurs et vaicus se sont réconciliés sans elle, et son autorité morale, la seule qui lui restait, a souffert de ses compromissions pendant la guerre. On se souvient du "mot" ironique de Staline (ancien séminariste), devant lequel on evoquait l'influence pontificale : le Vatican, combien de division ? Pie XII, pontif incompris et solitaire, meurt le 9 octobre 1958 à 82 ans, après dix-neuf ans de règne sans partage.