Charles Louis Napoléon Bonaparte futur Napoléon III

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Napoléon III

Né à Paris le 20 avril 1808, mort à Chislehurst dans le Kent le 9 janvier 1873, Charles Louis Napoléon neveu de Napoléon Ier, est le troisième fils de Louis Bonaparte et de Hortense de Beauharnais elle même née du premier mariage de l’impératrice Joséphine.

Louis Napoléon est élevé par sa mère, devenue duchesse de Saint-Leu après la chute du premier Empire, et passe sa jeunesse en Suisse, au château d’Arenenberg. Son éducation est confiée à Philippe Lebas, fils du conventionnel robespierriste, élève de l’École normale créée par Napoléon.

Elève au collège militaire d’Augsbourg puis à l’École militaire de Thoune, il sort officier d’artillerie de l’armée helvétique.

Il a tout juste vingt ans, il reprend à son compte les idées du Mémorial de Sainte-Hélène.

Napoléon est le continuateur de la Révolution ; il a toujours voulu la paix et n’a fait la guerre qu’à son corps défendant ; il a répandu le principe des nationalités ; sa famille a pu commettre des fautes, mais elle reste digne de la confiance de la nation.

En décembre 1830, Louis-Napoléon prend part à une conspiration contre le pouvoir pontifical, qui lui vaut d’être expulsé de Rome. En février 1831, il se lance avec son frère dans l’insurrection des Romagnes et combat les troupes pontificales. Napoléon-Louis meurt de la rougeole à Forli. Lui-même échappe à la répression autrichienne, traverse la France et, de Londres, se mêle à un complot militaire, d’ailleurs étouffé dans l’œuf, contre la monarchie de Juillet. Il revient alors à Arenenberg.

Croyant pouvoir compter sur certains commandants d’unités de la région, il tente un coup de main à Strasbourg le 30 octobre 1836. L’affaire avorte malgré le ralliement d’un régiment. Louis-Napoléon est arrêté, embarqué sur une frégate et débarqué aux États-Unis. Revenu à Arenenberg, il part pour Londres, le gouvernement français ayant menacé la Suisse d’invasion s’il n’était pas expulsé.

Le 6 août 1840, Louis-Napoléon débarque près de Boulogne à la tête d’une cinquantaine de conjurés. Il est arrêté quelques heures plus tard, le gouvernement de Louis-Philippe étant renseigné sur les préparatifs par un des principaux collaborateurs du prince. Le 6 octobre 1840, Louis-Napoléon est condamné par la Cour des pairs à l’emprisonnement perpétuel. Enfermé au fort de Ham, il s’y livre, avec une grande curiosité d’esprit, à des travaux historiques, économiques, sociaux et politiques, écrivant notamment une Histoire de l’artillerie.

En mai 1846, après six ans de captivité, Louis Napoléon emprunte les vêtements d’un maçon surnommé Badinguet (nom dont l’affublent ironiquement ses adversaires sous l’Empire) et parvient à s’échapper. Il gagne Londres où il se lie avec miss Howard qui lui apporte une aide financière importante et l’accompagne lorsqu’il rejoint Paris, à la faveur de la Révolution de 1848.

Lamartine lui demande de s’éloigner momentanément. En juin, sans être revenu en France, grâce à la légende napoléonienne et malgré sa réputation d’aventurier il est élu représentant à l’Assemblée constituante le même jour dans quatre départements. Il démissionne le le 15 juin pour éviter de provoquer par sa présence le vote d’une loi d’exil.

Réélu en septembre dans cinq départements, il se présente à la présidence de la République le 10 décembre. Les monarchistes du parti de l’Ordre, qui n’ont personne à présenter, se rallient à Louis-Napoléon, faute de pouvoir obtenir des garanties du candidat des républicains modérés, Cavaignac, que la répression des journées de juin a d’ailleurs rendu impopulaire. Louis-Napoléon, seul candidat dont le nom soit connu des ruraux, est élu par 5 434 000 voix contre 1 448 000 à Cavaignac et 370 000 à Ledru-Rollin.

Ce triomphe est pourtant assombri par la promulgation de la Constitution de la IIe République limitant son mandat à quatre ans. Habile politicien il va réduire à néant l’opposition républicaine, laisser les conservateurs se discréditer eux-même.

Ne pouvant faire modifier la Constitution, il décide de faire un coup d’Etat aidé dans son projet par Charles de Morny (son demi-frère), Persigny, Maupas et Saint-Arnaud. Au matin du 2 décembre 1851, date anniversaire du sacre de Napoléon Ier et de la victoire d’Austerlitz , une proclamation est affichée dans les rues de Paris, annonce la dissolution de l’Assemblée, le rétablissement du suffrage universel et un plébiscite qui l’autorisera à donner à la France des institutions renouvelées de l’Empire.

La majorité monarchiste ne pouvant résister se contente de protestations verbales. Les républicains tentent de soulever le peuple des faubourgs. Quelques barricades s’élèvent le 3, et Saint-Arnaud, retire ses troupes la nuit pour pouvoir mieux écraser l’insurrection le lendemain. Le 4 décembre 1851, l’insurrection est terminée. Il y a près de quatre cent morts, ving-sept mille personnes seront arrêtées. Au début 1853 il en restera plus de six mille qui seront déportés dans leur grande majorité en Algérie.

Le coup d’Etat est plébiscité le 21 décembre 1851 avec 7 145 000 « oui » contre 592 000 « non ». Le 15 janvier 1852 est promulguée une constitution inspirée de la Constitution consulaire de l’an VIII. Charles Louis Napoléon à gagné, son mandat de président est porté à dix ans.

Malgré tous les pouvoirs qu’il détient, sa situation de président ne le satisfait pas. Il organise le 21 novembre 1852 un nouveau plébiscite destiné au rétablissement de la dignité impériale. La réponse est sans équivoque : 7 824 000 de « oui » contre 253 000 de « non ». Charles Louis Napoléon devient Napoléon III.

En 1853, Napoléon III épouse Eugénie de Montijo fille du comte de Teba. Cette dernière lui donne un fils Eugène Louis Napoléon en 1856, qui sera tué en Afrique australe par les Zoulou en 1879.

Sous le régime autoritaire de Napoléon III, une œuvre économique considérable est entreprise. Le réseau ferroviaire passe de 3 000 km en 1852 à 18 000 km en 1870.

L’expansion du textile, de la chimie, de la sidérurgie et de la métallurgie), la modernisation de l’agriculture, la création de grandes banques capables de financer l’industrie grâce au crédit permettent un fort essor économique et industriel. On assiste au passage progressif du protectionnisme au libre-échange, consacré par le traité de commerce du 23 janvier 1860 avec la Grande-Bretagne.

Sous son régime, c’est aussi le programme d’aménagement de Paris, confié au baron Haussmann, qui transforme radicalement la physionomie de Paris.

Mais tout ne va pas pour le mieux ! L’expansion économique ne profite pas aux classes démunies. Durant les années 1852-1870 seuls les notables qui soutiennent le régime impérial voient leur sort nettement amélioré.

Les syndicats, tolérés depuis 1866, se multiplient sous l’impulsion de l’Internationale et les grèves, dont la principale cause est la baisse des salaires réels en raison des difficultés économiques, prennent un caractère politique à partir de 1869. Cette année-là, en juin, une grève à Firminy donne lieu à l’affrontement sanglant de La Ricamarie entre la troupe et les grévistes. Une autre catastrophe de même nature se produit à Carmaux en octobre. En 1870, le mouvement gréviste reprend. L’agitation s’étend à travers la France, notamment au Creusot et en Alsace.