Georges Bidault


né le 5 octobre 1899 à Moulins (Allier) et mort le 26 janvier 1983 à Cambo-les-Bains (Pyrénées-Atlantiques).

Il est un résistant et un homme politique français, successeur de Jean Moulin à la tête du Conseil national de la Résistance, ministre et Président du Conseil sous la IVème République.


Augustin-Georges Bidault est l'avant-dernier d’une famille nombreuse de la moyenne bourgeoisie. Pour réaliser un vœu de son épouse morte quand Georges avait deux ans, son père lui fait suivre ses études secondaires au collège de Bollengo, dans le val d’Aoste, tenu par des jésuites qui avaient été expulsés de Moulins en 1901, au moment de la loi sur les congrégations. Georges y montre déjà son goût du paradoxe et du non conformisme. Il passe ses deux parties du bac à Paris en 1915 et 1916 avant de préparer une licence d’histoire et de géographie à la Sorbonne qu’il obtient au début de 1918. Mobilisé avec la classe 1899, il est intégré au 92ème R.I. et affecté à un centre d’instruction divisionnaire près de Troyes. Comme ceux de sa classe, il ne prend pas part aux combats de la fin de la guerre mais participe à l’occupation de l’Allemagne dans le Palatinat. Il revient en France pour enseigner l’histoire aux officiers-élèves de l’école de Saint-Maixent jusqu’en 1921. Il retrouve définitivement la vie civile après un rappel aux armées (155ème R.I.) de quelques semaines d’occupation de la Ruhr à l’été 1921.

Georges Bidault reprend ses études d’histoire à la Sorbonne. Son attirance pour la démocratie chrétienne s’affirme et il devient vice-président de l’association catholique de la jeunesse chrétienne. En 1925, il est reçu 1er au concours de l’agrégation et enseigne au lycée de Valenciennes. De 1926 à 1931, il est professeur au lycée de Reims. A la rentrée scolaire de 1931, il est nommé professeur au lycée Louis-le-Grand où il enseignera jusqu’en 1939. En parallèle, il milite au parti démocrate populaire aux côtés de Robert Schumann, d’Alfred Coste-Floret et d’Auguste Champetier de Ribes et déploie une intense activité journalistique en tant qu’éditorialiste, puis rédacteur en chef, du quotidien « L’Aube ». En 1936, candidat du Parti Démocrate Populaire à la députation dans l’Orne, il est battu par le député sortant, Georges Roulleaux Dugage. Lors de la signature des accords de Munich, en septembre 1938, il signe une série d’éditoriaux  où il stigmatise la capitulation des démocraties - de Daladier et de Chamberlain - devant Hitler et prévoit lucidement l’arrivée de la guerre.

Mobilisé comme sergent en 1939, il demande à aller combattre en mai 1940. Il est fait prisonnier le 8 juin 1940 et est envoyé au Stalag IIA à Neubrandenburg dans le Mecklembourg. Libéré en juillet 1941 au titre de « la Relève », il rejoint Paris, puis Lyon, où il est professeur au lycée du Parc. Recherché par la Gestapo en tant que Georges (et non Augustin) Bidault, éditorialiste anti-munichois, il noue des contacts dans la résistance, devient membre du comité directeur de Combat, le mouvement fondé par Henri Frénay et écrit des articles dans le journal clandestin « Combat ». Il rencontre pour la première fois Jean Moulin chez François de Menthon et est immédiatement séduit par sa personnalité. Jean Moulin lui confie, en avril 1942, la responsabilité du Bureau d’Information et de Propagande qui devient une sorte d’agence de presse de la résistance.

Le 27 mai 1943, se tient au 48 rue du Four à Paris, dans le sixième arrondissement, sous la présidence de Jean Moulin, la réunion de création du Conseil National de la Résistance (CNR).

Les 16 représentants de mouvements de résistance, de partis politiques et de syndicats votent à l’unanimité une motion préparée par Georges Bidault, lui-même représentant la Démocratie Chrétienne, demandant, en particulier, la création d’un gouvernement provisoire à Alger.

Après l’arrestation de Jean Moulin, le 21 juin 1943, Georges Bidault est élu président du CNR par 12 voix contre une et trois abstentions. Le bureau permanent du CNR comprend alors, outre Georges Bidault, Pierre Villon (Roger Ginsburger), Maxime Blocq-Mascart, Jacques Copeau et Louis Saillant. Il travaille en collaboration avec Emile Bollaert, délégué en France du Comité Français de Libération Nationale, puis avec Alexandre Parodi, délégué général du gouvernement provisoire. Ses fonctions l’amènent souvent à Paris où il rencontre parfois ses anciens élèves, dont Pierre Bolotte qui sera secrétaire général de la préfecture d’Alger en 1957 et 1958. Le 19 août 1944, il est à Paris avec Alexandre Parodi et le CNR qui donne l’ordre de mobilisation générale. Le 22 août, le CNR s’installe à l’hôtel de ville où, le 25 août, Georges Bidault accueille le général de Gaulle. Le 26 août, lors du défilé de la libération de Paris, il descend les Champs-Elysées aux côtés du général de Gaulle.

Le 7 septembre 1944, Georges Bidault devient ministre des affaires étrangères du gouvernement provisoire dirigé par Charles de Gaulle. C’est le début d’une carrière ministérielle de 10 ans qui le verra occuper divers postes dans 13 gouvernements :

- chef du gouvernement provisoire (après de Gaulle et Félix Gouin), du 23 juin au 8 novembre 1946,

- président du Conseil, du 28 octobre 1949 au 24 juin 1950,

- vice-président du conseil, du 10 mars au 10 juillet 1951,

- vice-président du Conseil et ministre de la défense nationale, du 11 août 1951 au 29 février 1952,

- ministre des affaires étrangères, du 7 septembre 1944 au 28 novembre 1946, du 22 janvier 1947 au 19 juillet 1948, du 28 octobre 1949 au 24 juin 1950 et du 8 janvier 1953 au 13 juin 1954.

C’est dans cette dernière fonction que son action est la plus intense : négociation de l’accord franco-soviétique de décembre 1944, chef de la délégation française à la conférence de San Francisco d’avril à juin 1945 qui donne naissance à l’ONU, préparation du traité de l’Atlantique Nord qui entre en vigueur le 24 août 1949, préparation avec Robert Schuman  du traité de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA) qui est le noyau de la construction européenne (signé le 18 avril 1951), présidence du conseil de l’Atlantique Nord en 1953-54, conférence de Genève sur l’Indochine.

Sur la question de l’Indochine, Georges Bidault essaie sans relâche d’obtenir un soutien aérien des Américains – qu’il n’obtiendra pas -  pour desserrer l’étau autour de Dien Bien Phu.

La chute du camp retranché, le 9 mai 1954, entraîne la chute du gouvernement Laniel (le 13 juin) qui est remplacé par Pierre Mendès-France, lequel s’engage à obtenir un cessez le feu avant le 20 juillet 1954, se mettant par là à la discrétion du Viêt-minh.

En parallèle, Georges Bidault est élu député de la Loire à la 1ère assemblée constituante. Il sera réélu sans discontinuer jusqu’en 1962. Il est l’un des fondateurs du Mouvement Républicain Populaire (MRP) et en est le président de mai 1949 à mai 1952. Il est candidat à l’élection présidentielle de décembre 1953 dont il se retire après le deuxième tour et qui verra l’élection , au treizième tour, de René Coty.

Ferme partisan du maintien de l’Algérie dans la République Française, Georges Bidault est l’un des membres éminents de l’Union pour le Salut et le Renouveau de l’Algérie Française (USRAF) fondée par Jacques Soustelle. Pressenti le 20 avril 1958 par le président Coty pour être président du conseil après la chute du cabinet Félix Gaillard, Georges Bidault n’obtient pas le soutien du MRP ce qui marquera la rupture avec son parti. Le 14 mai 1958, Georges Bidault, en dépit du lourd contentieux accumulé avec De Gaulle, lui écrit une lettre l’adjurant d’accepter de revenir au pouvoir « pour le salut de la patrie en péril » et, le 1er juin, vote pour son investiture. Très rapidement, le doute le saisit sur les intentions de De Gaulle sur l’Algérie ; le discours de De Gaulle du 16 septembre 1959 sur l’autodétermination en Algérie le jette dans une opposition résolue à la politique algérienne du général de Gaulle : le 19 septembre, il crée le Rassemblement pour l’Algérie Française avec Roger Duchet, Pascal Arrighi et Jean-Baptiste Biaggi. Le gouvernement Debré lui interdit de se rendre à Alger au moment de l’affaire des « barricades » en janvier 1960. Le 17 juin 1960, avec Jacques Soustelle qui a été exclu du gouvernement le 5 février précédent, il fonde le « Comité de Vincennes » qui rassemble plus de deux cents personnalités venant d’horizons politiques variés qui s’engagent à « défendre en toutes circonstances » l’intégrité du territoire national. Surveillé étroitement par la police, Georges Bidault participe à une réunion du « Comité de Vincennes », le 16 novembre 1961, réunion qui conduit à sa dissolution par le gouvernement et qui voit ainsi disparaître la seule voie légale de défense de l’Algérie Française. En mars 1962, Georges Bidault se réfugie en Suisse. Le 20 mai 1962, à Rome, Georges Bidault, Jacques Soustelle, Antoine Argoud et Pierre Sergent créent le comité exécutif d’un nouveau « Conseil National de la Résistance » qui désigne Georges Bidault pour président. Celui-ci donne, peu après, deux articles virulents au quotidien bruxellois « la Dernière Heure » et voit son immunité parlementaire levée par 241 voix contre 72 et 167 abstentions sans, d’ailleurs, qu’une inculpation lui soit notifiée. Désormais, il mène une vie de clandestin entre l’Italie, l’Allemagne, la Belgique et le Portugal et l’Angleterre où il donne une interview à la BBC en janvier 1963. Après l’enlèvement du colonel Argoud à Munich par des hommes des services spéciaux français, en février 1963, Georges Bidault est expulsé d’Allemagne vers le Portugal qui l’expulse vers le Brésil. C’est là qu’il passera plus de quatre ans, rejoint en août 1963 par son épouse Suzanne. Le 30 juillet 1967, Georges Bidault et son épouse atterrissent à Bruxelles. En novembre 1968, il est de retour en France et fonde le Mouvement Justice et Liberté (MJL). Aux élections législatives de 1973, il est candidat dans le 5ème arrondissement de Paris et n’obtient que 1203 voix contre un jeune gaulliste du nom de Jean Tibéri. En rééducation à Cambo-les-Bains après une congestion cérébrale, il meurt le 25 janvier 1983. Le 1er février, après la messe à Saint Louis des Invalides, les honneurs militaires réservés aux anciens chefs d’état sont rendus à Georges Bidault.

Georges Bidault était Compagnon de la Libération et Grand-Croix de la Légion d’Honneur.

Il est l’auteur de plusieurs ouvrages :

-         Discours sur la C.E.D.  Editions AIA Paris, 1953

-         Algérie, l’oiseau aux ailes coupées   La Table Ronde, 1958

-         D’une résistance à l’autre   Presses du siècle, 1965

-         Entretiens avec Guy Ribeaud   La Table Ronde, 1968

Deux ouvrages lui ont été consacrés :

      -     Georges Bidault, l’indomptable, de Barthélémy Ott   Imprimerie du Vivarais, 1975

      -     Georges Bidault, de Jean-Claude Demory   Editions Julliard, 1995

Ses éditoriaux de l’Aube de 1938 ont été rassemblés dans le bulletin des « Amis de Georges Bidault » en 1992.

 

Le 4 juillet 1946, Hô Chi Minh offre un dîner en l’honneur du président Bidault, au « Royal Monceau » à Paris. Georges Bidault, retenu à l’assemblée, arrive en retard mais réussit à détendre l’atmosphère.

En septembre 1958, Georges Bidault, après avoir rencontré le général de Gaulle à l’hôtel Matignon, effectue un voyage d’information en Algérie. Le général Salan a mis un avion à sa disposition. Ils se retrouvent à Oran, dans une ville en liesse qui prépare le référendum du 28 septembre.

En janvier 1960, Georges Bidault est interdit de séjour en Algérie. Raoul Salan l’est le 11  septembre suivant. Le 25 octobre 1960, Raoul Salan tient une conférence de presse au Palais d’Orsay, à Paris, à laquelle assistent au premier rang Georges Bidault, le bachaga Boualem et les généraux Zeller, du Vigier et Monclar.

Le 8 novembre 1961, Georges Bidault est l’un des 80 parlementaires qui votent « l’amendement Salan ».

Après l’arrestation du général Jouhaud à Oran, le 25 mars 1962, Raoul Salan, chef de l’OAS désigne Georges Bidault comme son successeur en cas d’arrestation. En fait, après l’arrestation de Raoul Salan, le 20 avril 1962, Georges Bidault ne sera pas  chef de l’OAS, mais président d’un nouveau Conseil National de la Résistance (CNR) qui englobera une partie de l’OAS, le CNR ayant une vocation politique et l’OAS une vocation militaire.